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Pourquoi la présence d’un(e) technophile est-elle importante dans un Conseil d’Administration pour accompagner une entreprise dans sa transformation digitale ? par Catherine PAWLOTSKY

Décembre 2020 – Série N°3

Au sommaire de cette nouvelle série d’articles proposée par les membres du Cercle Suisse des Administratrices : RSE, gestion des conflits, technophilie, fabrique urbaine, finance, diversité des compétences et créativité. Une diversité de thèmes qui reflète celle des motivations actuelles de nos entreprises, prises en étau mais également dynamisées par la continuité de leurs activités post-covid, les enjeux environnementaux et la pression technologique.

Aujourd’hui, Catherine Pawlotsky nous propose « Pourquoi la présence d’un(e) technophile est-elle importante dans un Conseil d’Administration pour accompagner une entreprise dans sa transformation digitale ? ».

Retrouvez tous les articles de l’actuelle série, et des précédentes, sur www.csda.ch. Ces articles ne reflètent pas forcément la position du Cercle Suisse des Administratrices et n’engagent que leur auteure.

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Catherine Pawlotsky« Pourquoi la présence d’un(e) technophile est-elle importante dans un Conseil d’Administration pour accompagner une entreprise dans sa transformation digitale ? »

Dans un contexte dans lequel les entreprises souhaitent de plus en plus prendre le tournant du digital, les Conseils d’Administration vont devoir, de ce fait, se doter de nouvelles compétences. C’est à partir d’une compréhension commune de ce que représente une transformation digitale, qu’il sera possible de définir le profil recherché pouvant apporter une vraie valeur ajoutée.

Définition de la transformation digitale

Avant tout, il convient de partager avec vous ma définition de la transformation digitale. Commençons par le volet « transformation ». Celui-ci porte sur les changements de l’organisation et des processus. Il concerne aussi l’évolution des métiers et des tâches des collaborateurs. Ceux-ci sont la conséquence d’une stratégie et d’un modèle économique nouveaux centrés sur les comportements et les attentes des clients d’une entreprise ou des bénéficiaires d’une ONG.

Pour sa part, le volet « Digitale » englobe les plateformes et les outils technologiques. Ils sont destinés à permettre un parcours simple et sans rupture pour le client et à favoriser un travail collaboratif centré sur les actions à valeur ajoutée pour les collaborateurs.

Bien sûr, la stratégie de transformation digitale est souvent différente d’une entreprise à une autre ou d’une organisation à une autre. Cela s’explique par le fait qu’elle répond toujours à une problématique qui lui est propre.

Ces changements se mettent en place dans une culture et un contexte spécifique. Ceux-ci peuvent dépendre de la concurrence, des attentes des clients ou de bénéficiaires (pour les organisations humanitaires) et / ou chercher à résoudre un manque d’efficacité dans le fonctionnement de l’organisation (RH, Finance, Logistique, IT…).

Le profil recherché

Un(e) technophile est une personne qui a une appétence pour la technique et le « digital » sans pour autant bénéficier d’une formation dans ce domaine. Celui (ou celle-ci) va être intéressé par l’impact de la technologie sur la stratégie de l’entreprise.

L’administrateur/trice technophile va créer un partenariat fort avec ses homologues du conseil d’administration. Il ou elle va pouvoir les aider à comprendre les enjeux des écosystèmes digitaux (interactions des plateformes entre elles, risques sécuritaires, vue transversale…) et à concevoir une approche de transformation pertinente comme la mise en œuvre du multicanal.

Rôle et responsabilités du ou de la technophile

L’administrateur/trice technophile aura une triple mission.

D’abord il ou elle traduira de façon simple et pragmatique les enjeux et les impacts de la technologie sur la stratégie de l’entreprise. C’est le volet « transformation digitale » du rôle.

Ensuite, il ou elle devra être garant(e) des risques liés à la sécurité des plateformes digitales utilisées par l’entreprise. C’est le volet « gestion de risques ».

Il est fréquent que le Conseil d’Administration nomme l’un de ses membres responsables de l’audit de la sécurité du système d’information. Son rôle sera de vérifier régulièrement les orientations, priorités et gestion des risques destinés à se protéger d’une attaque informatique. En effet, la paralysie, même temporaire, des outils informatiques peut avoir des conséquences catastrophiques pour une entreprise ou une organisation internationale (perte de chiffre d’affaires, risque sur la réputation…).

Et enfin il ou elle accompagnera le Conseil d’Administration pour faire des choix stratégiques lors de l’affectation des budgets informatiques à chacun des métiers. C’est le volet « financier » du rôle.

Chaque année le CA doit valider les budgets d’investissements pour les projets informatiques. Cela concerne aussi bien les projets techniques d’infrastructures que les projets métiers avec une composante technique. La répartition de ces budgets est stratégique et tactique. Cette répartition reflète les priorités de l’entreprise. Si, par exemple, le Conseil d’Administration décide d’affecter plus de 50% du budget aux RH et moins de 20% au commercial, c’est qu’il souhaite faire évoluer et moderniser en priorité la gestion du capital humain de l’entreprise.

 

En conclusion, le ou la technophile, pour être pertinente en tant qu’administrateur/trice, doit couvrir l’intégralité du scope de la transformation digitale. C’est-à-dire apporter non seulement toute sa connaissance des technologies et des plateformes mais aussi avoir une excellente compréhension des enjeux et des stratégies des métiers de l’entreprise incluant une vision transverse, sécuritaire et financière. Avec lui ou elle, les débats du Conseil d’Administration porteront non pas sur la technique, souvent difficile à comprendre pour les non spécialistes, mais sur la valeur ajoutée de la technologie au service de la mise en œuvre de la stratégie de l’entreprise.

 

© Catherine PAWLOTSKY

Après une première partie de carrière en tant que chef de programme transformation au niveau européen chez Colgate Palmolive, puis CIO membre du Comité de Direction de Thomas Cook, Catherine Pawlotsky rejoint le CICR en 2010 en tant que CIO / responsable de la division ICT. Plus de 20 ans d’expérience dans les défis de la transformation digitale, dans l’élaboration de plan stratégique et dans l’accompagnement de tous les métiers pour les aider à développer et sécuriser la mise en œuvre de leur stratégie, en les aidant à comprendre les enjeux des écosystèmes digitaux et à concevoir une approche de transformation pertinente. Elle est membre du Cercle Suisse des Administratrices depuis 2019.