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«La maison brûle ! » par Lucie Bidault

En cette période de déconfinement et d’incertitude, le Cercle Suisse des Administratrices propose une série d’articles et de témoignages de ses membres administratrices. Chacune nous livre, à sa manière, son point de vue sur la situation économique actuelle.

Retrouvez tous les articles de la série sur www.csda.ch/comite-de-redaction. Ces articles ne reflètent pas forcément la position du Cercle Suisse des Administratrices et n’engagent que leur auteure.

Aujourd’hui, Lucie Bidault nous propose «La maison brûle !»

Lucie BidaultL’impact de l’électrochoc Covid-19 sur les personnes, les entreprises et sur l’environnement. Comment un agent infectieux de taille nanoscopique a pu permettre une vraie prise de conscience et des réajustements dans de nombreux domaines.

 

Il y a eu l’avant coronavirus, et puis tout à coup, ce nouveau virus, rebaptisé Covid-19, s’exhibait sur toutes les unes des journaux, radios, réseaux, ou discussions.

Mais l’après Corona ? Allons-nous reprendre nos anciennes – mauvaises – habitudes ? Ou allons-nous prendre conscience que, notre planète et la société dans laquelle nous évoluons ont leurs limites, et entendre les signaux qu’elles nous envoient ?

Impact sur le vivant, impact sur l’économie, impact sur l’environnement.

Cette crise, à multiples facettes, a initialement touché de plein fouet les hommes et a eu des répercussions sur les malades, leurs familles, et le personnel médical qui luttent encore ou ont lutté contre ce mal invisible. Je pourrais décrire ce début de phase comme celle du temps de l’observation et du questionnement. Que nous arrivait-il ? Le monde était en émoi et choqué.

Puis, il y a eu cette décision historique de nos politiques : la mise en place du confinement. Oui, ce cataclysme, d’abord sanitaire et humain, s’est ensuite transformé en crise économique et sociétale.

Cet isolement obligatoire a eu directement un effet choc sur notre économie. Limitation drastique de nos mouvements, fermeture des magasins, des restaurants, des écoles, la mise en chômage partiel de milliers de personnes, arrêt quasi-total des usines et entreprises. Peut-être le moral en berne, et choqués, nous lisions : « le taux de chômage est passé à 3.3% en Avril en Suisse soit +43% ces 12 derniers mois », et aussi d’après le CRIF : « le confinement fait reculer de 38% les créations d’entreprises ».

En tant qu’individus, et de surcroit membres de comités de direction ou de conseils d’administration, au cœur de l’activité économique, nous vivons une crise sans précèdent. Nous devons en sortir et en tirer des enseignements et être prêts si besoin, à une éventuelle nouvelle vague ou autre crise.

Docteur Jung, un célèbre psychiatre suisse du XXème siècle, écrivait à raison : « les crises, les bouleversements et la maladie ne surgissent pas par hasard. Ils nous servent d’escaliers pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un nouveau chemin ».

Cette période a permis aux hommes et aux entreprises des recentrages essentiels, des remises en question (mode de vie, mode organisationnel du travail, mode de communication), des adaptations et mêmes des changements radicaux d’habitudes et attitudes et amener des solutions.

Les directions et conseils d’administration ont dû réagir, imaginer de nouveaux modèles, amener de nouveaux outils, des améliorations à la façon de travailler ou produire, parfois même décider de transformer leurs usines.

Nous connaissions le management de transition, aujourd’hui grâce au Corona, la gouvernance de transition prend tout son sens et permet aux sociétés de suivre une ligne de conduite pérenne et durable, sous un angle de 360 (RH, gestion des risques, audit, performance, qualité, conformité, finance).

Pendant cette phase de perte d’équilibre, il a fallu composer entre #restezalamaison, #restezprudents et une course contre-la-montre pour contrer la baisse de fréquentation des points de vente. Les entreprises de biens de consommation ont dû rapidement mettre en place des solutions de ventes en ligne ou augmenter leur visibilité sur les réseaux sociaux.

Le côté positif à tout cela ? Une accélération du digital. La France, l’Allemagne et le Royaume Uni ont montré une hausse de leurs achats de 50% sur internet ; la Suisse elle, s’illustre avec +76% de commandes sur des plateformes locales en ligne. Le coronavirus a été vu comme un vrai accélérateur du e-commerce, ce virus en a exacerbé son utilisation.

 

Ces changements de comportement induisent un 3ème aspect, qui est aussi au cœur des préoccupations et qui s’illustre avec l’exemple de l’achat en ligne : l’impact du coronavirus sur l’accélération de l’économie digitale et son incidence sur l’environnement. Comme le décrit très bien le magazine Bilan du 06 mai 2020, « L’économie digitale est-elle vraiment verte ? ». Qui dit e-commerce, dit que la majorité des échanges européens et même mondiaux, s’effectue via nos ordinateurs, smartphones, transitent par des servers, clouds, et voyagent par avion etc…. Mais qu’en est-il du « zéro-déchet » et du « Clean deal » ? L’économie digitale ne sera-t-elle pas le nouveau mal des prochaines décennies ? Affaire à suivre.

Bonne nouvelle ! Nous commençons à voir le bout du tunnel et à essayer de changer de chemin en appliquant les différentes leçons reçues de cette période Corona. Il en reste encore un long bout à parcourir : car entre prises de conscience, acceptations, remises en question et enfin mise en place de nouvelles habitudes, oui la maison brûle mais nous pouvons encore éteindre le feu, si tous, en tant qu’individus, groupes ou entreprises, nous nous associons et nous nous améliorons pour éviter toute nouvelle crise. En tant que membres de conseils d’administration, nous avons une grande responsabilité. Evidemment des crises il y en aura encore, mais évitons de revivre les mêmes.

(c) Lucie Bidault

Lucie Bidault est Ingénieure-Chimiste, diplômée de CPE Lyon, avec une expérience internationale de plus de 20 ans dans l’industrie cosmétique. Experte en management de transition, gestion de crise, transferts de capitaux, elle a siégé en tant que présidente de conseils d’administration de PME.

Gaie, dynamique, rigoureuse et entrepreneuse, Lucie aime relever des défis.

Membre EPFL Innovation park / Board Matching Switzerland,

Membre active de la Société Suisse des Chimistes et Cosméticiens SWISS SCC depuis 8 ans,

Lucie est membre du Cercle Suisse des Administratrices depuis 2018.