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“Télétravail : un aspect à aborder dans la culture d’entreprise, jusqu’au conseil d’administration” par Claudie Leconte

En cette période de confinement et d’incertitude, le Cercle Suisse des Administratrices propose une série d’articles et de témoignages de ses membres administratrices. Chacune nous livre, à sa manière, son point de vue sur la situation économique actuelle.

Retrouvez tous les articles de la série sur www.csda.ch/comite-de-redaction. Ces articles ne reflètent pas forcément la position du Cercle Suisse des Administratrices et n’engagent que leur auteure.

Aujourd’hui, Claudie Leconte nous propose “Télétravail : un aspect à aborder dans la culture d’entreprise, jusqu’au conseil d’administration”

claudie leconte

 

Etabli sur dix sites dans 10 villes de Suisse Romande, le groupe sdplus a relevé le défi de passer de 3 % à 65 % de collaborateurs en télétravail en cinq jours lors de la première semaine de la crise du Covid-19.

Exprimés comme cela, en pourcentage, les chiffres n’impressionnent guère ! 

Pourtant comprendre que 160 collaborateurs soient en home office à 100 % alors qu’ils n’étaient que quelque uns travaillant à domicile un ou deux jours par semaine, donne plus d’ampleur au challenge.

Pour sdplus qui regroupe cinq structures actives dans les domaines de l’ingénierie depuis 65 ans sur toute la Romandie, on peut parler de défi. Car sdplus couvre une palette de prestations qui va de la conception des projets à la réalisation des chantiers. Et continuer à réaliser des infrastructures routières par exemple, depuis le domicile, c’est un succès.

Ceci d’autant plus que le directeur général, Monsieur Jean-Daniel Girard, nous indique que ça n’est pas « la culture de la maison ». Attaché à privilégier les relations directes en présentiel pour un réel gain de temps et une communication plus rapide, le groupe doit désormais réussir la transmission d’informations entre différents corps de métiers comme les dessinateurs et ingénieurs. « Le télétravail complique les choses », selon J-D Girard. « Les transmissions de données, de plans, de modifications de chantiers doivent maintenant se faire par mail ou téléphone, ce qui prend plus de temps que lorsque tout le monde est au bureau ». 

C’est d’ailleurs pour cette raison que la pratique du groupe n’était pas au télétravail auparavant. Le conseil d’administration avait bien sûr réfléchi à cette possibilité, et à l’intérêt éventuel d’en faire un argumentaire à l’engagement. Après discussion, l’organe suprême avait décidé de ne pas développer le travail à distance, convaincu que l’efficience de leur métier du chantier est aussi dans la communication orale. 

Cependant, deux sites sur les dix étant des sociétés de conseils, le télétravail est tout à fait possible et même apprécié. Dans le conseil de ce secteur, la grande partie du travail est la rédaction de documents, qui n’oblige pas les collaborateurs à être sur site. « Nous allons d’ailleurs voir si cette formule peut perdurer après le confinement pour ceux qui le souhaitent », nous dit M. Girard, également administrateur délégué.   

Malgré cela, quelques chantiers ont pu être poursuivis et d’autres, ont été considérablement ralentis. Le conseil d’administration a également voulu rassurer ses 250 collaborateurs en communiquant à trois reprises par mail à l’ensemble du personnel. Soutenue par les directeurs des cinq filiales, la communication est donc renforcée, notamment par le site intranet, portail obligatoire pour les connections à distances vers les serveurs. Car comme pour beaucoup de salariés d’autres entreprises, certains des collaborateurs de sdplus sont inquiets. Que va-t-il se passer dans les semaines qui viennent si le confinement se poursuit ?

J-D Girard livre son regard bienveillant « Certains collaborateurs sont de natures inquiètes, et nous devons les rassurer. Nous les avons informés que sdplus ne ferait pas appel au chômage partiel en avril 2020. Nous recommuniquerons avec eux début mai, dès que nous aurons une meilleure visibilité sur la suite ».

Globalement, c’est la gestion IT qui a été la principale cause de problématiques lors du déploiement du télétravail, du fait des liaisons informatiques non adaptées. Mais finalement, « tout s’est relativement bien passé ». Les administratifs ont emmené les laptops et J-D Girard nous confie que les dessinateurs qui ont besoin de deux grands écrans et de « gros processeurs » pour la réalisation des plans, « sont partis à la maison avec leur matériel informatique sous le bras ». 

Interviewé le 16 avril 2020, J-D Girard conclut cependant « cet évènement aura marqué l’entreprise de manière positive. Car malgré la grande crainte du niveau de récession futur, on peut retenir que l’ensemble de nos collaborateurs a fait preuve d’une grande résilience. Nous n’avons pas paniqué et nos collaborateurs ont montré une belle implication ». Ce qui est de bons augures pour la reprise.

Merci à Monsieur Girard pour l’interview.

(c) Claudie Leconte

Claudie Leconte est spécialisée dans le développement de l’organisation et le change management. Économiste d’entreprise et coach, elle est experte dans le développement du capital humain et des organisations depuis plus de 20 ans. Elle coach avec succès les leaders et les managers de demain, et accompagne les professionnels et conseils d’administration dans leur prise de décision et dans l’évolution de leur rôle. Elle est administratrice indépendante et membre du Cercle Suisse des administratrices depuis décembre 2018.