Décembre 2020 – Série N°3
Au sommaire de cette nouvelle série d’articles proposée par les membres du Cercle Suisse des Administratrices : RSE, gestion des conflits, technophilie, fabrique urbaine, finance, diversité des compétences et créativité. Une diversité de thèmes qui reflète celle des motivations actuelles de nos entreprises, prises en étau mais également dynamisées par la continuité de leurs activités post-covid, les enjeux environnementaux et la pression technologique.
Aujourd’hui, Nicole Surchat Vial nous propose « La mixité, gage de qualité environnementale ».
Retrouvez tous les articles de l’actuelle série, et des précédentes, sur www.csda.ch. Ces articles ne reflètent pas forcément la position du Cercle Suisse des Administratrices et n’engagent que leur auteure.
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La mixité, gage de qualité environnementale
Les faiseurs de ville favorisent la qualité de notre environnement et de notre santé. Qui sont-ils ? Architectes, ingénieurs, développeurs immobiliers, entrepreneurs. Malgré certaines avancées, la ville demeure principalement un espace pensé et construit par les hommes. La question d’une ville écologique, égalitaire se pose. Il s’agit de trouver la juste place aux femmes architectes, qu’elles soient légitimées dans la prise de décisions en participant aux organes décisionnels (jurys de concours, d’appels d’offres, comités de direction ou conseils d’administration) ; lieux d’influence par excellence pour ces professionnelles.
Mais où sont les femmes ?
Malgré le nombre équitable entre femmes et hommes architectes formés en Suisse, les femmes sont sous-représentées dans le monde professionnel. Dix ans après l’obtention du diplôme, seulement 25% des femmes architectes restent dans le monde professionnel (Hilber, UNIGE 2019). Trois freins récidivent : la difficulté d’accès à des postes à responsabilité et à des mandats importants, un contexte dominé par des modèles masculins et la difficulté à concilier carrière et maternité.
La mixité assure la qualité
Une composition mixte des organes de la fabrique urbaine, tels que les jurys de concours, assurerait la qualité, par différents points de vue.
Mentionnons les changements climatiques et la mondialisation qui renforcent la perte de qualité de notre environnement bâti et le rende global, dispensant une architecture internationale qui s’affranchit du contexte tant social que physique. A l’inverse, contextualisons et assurons une prise en compte sociale qui garantisse la place de chacun et de chacune.
Mixité de genre, mais aussi fonctionnelle et sociale, les quartiers durables se doivent d’assurer emplois, habitats et équipements. La biodiversité, variabilité des organismes vivants, qui comprend la diversité au sein des espèces, et entre les espèces, est une parfaite démonstration du besoin de cette multiplicité.
Mixité d’acteurs garante de valeur ajoutée : la concertation s’invite dans les projets, les maîtres d’ouvrage et les autorités s’impliquent, invitant à la participation des populations concernées pour tenter d’intégrer la gestion et l’usage des nouveaux quartiers.
Pas d’architecture « féminine »
Être architecte est une posture de vie, un rapport au temps, à l’espace, à la lumière, et à la matière. À la manière d’un projet : anticiper, planifier, réaliser. Il s’agit de reconnaître à la femme architecte, le plein exercice de son art qui conduit à déployer les qualités environnementales contemporaines. Les leviers d’action se situent dans les postes clés, tels que comités de direction ou conseils d’administration, l’amplitude est large et les effets considérables. Et il est un cénacle où l’influence est particulièrement conséquente : les jurys de concours !
Les jurys de concours, un bastion à prendre
Les concours pour la construction de morceaux de ville, de bâtiments ou d’espaces publics, mettent en concurrence les idées de conception des architectes et ingénieurs. Le jury, composé majoritairement de spécialistes qualifiés et autres membres, désigne le bon projet, au juste coût pour le contexte donné. Ce processus assure l’orchestration des maîtres d’ouvrage, d’œuvre et d’usage, ainsi que des autorités. C’est donc bien là que se passe une partie importante des choix pour la fabrique urbaine : une ville déclinée dans toute sa complexité sous forme de scénarii à choisir.
Au travers des centaines jurys de concours, toujours la même constatation de sous-représentation féminine : une seule femme, voire 5 et 10%, au mieux, dans des jurys de 10 à 20 personnes.
Choisir des femmes pour vos jurys !
La diversité et la mixité sont sources de richesse et de performance au sein d’une entreprise, comme dans les organes décisionnels en matière de construction urbaine.
Jurys de concours, d’appels d’offres, comités de directions, conseils d’administration ? Des femmes architectes sont prêtes à contribuer à améliorer la qualité de notre environnement !
Pour inviter des candidates :
– FSAP (Fédération Suisse des Architectes Paysagistes) https://www.bsla.ch/fr
– FSU (Fédération suisse des urbanistes) https://www.f-s-u.ch/fr
– SIA (Société des ingénieur.e.s et architectes) https://www.sia.ch/fr
– CSDA (Cercle suisse des administratrices) https://cercle-suisse-administratrices.ch
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(c) Nicole Surchat Vial – architecte epfl fsu phd
Genève le 27 novembre 2020
Esquisse pour la station des Arcs en Savoie-F (1967-1989), réalisée par Charlotte Perriand : « J’étais femme. La nature m’a faite femme mais je travaillais avec des hommes et je faisais bien mon boulot » (1947). © Photo NSV