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« Investissement d’impact : Une occasion unique d’un nouveau contrat social » par Aurélia Blin

En cette période de déconfinement et d’incertitude, le Cercle Suisse des Administratrices propose une série d’articles et de témoignages de ses membres administratrices. Chacune nous livre, à sa manière, son point de vue sur la situation économique actuelle.

Retrouvez tous les articles de la série sur www.csda.ch/comite-de-redaction. Ces articles ne reflètent pas forcément la position du Cercle Suisse des Administratrices et n’engagent que leur auteure.

Aujourd’hui, Aurélia Blin nous propose « Investissement d’impact: Une occasion unique d’un nouveau contrat social » 

Depuis des mois, les réflexions se portent vers le «monde d’après» l’épidémie de Covid-19 traduisant une prise de conscience de la nécessité d’un changement de paradigme et d’une prise de décision sur le long terme sur le fonctionnement de nos modèles sociétaux. Tentons de comprendre ce que cela signifie pour l’investissement d’impact et la possibilité d’un nouveau contrat social.

A l’heure de la relance économique : L’intelligence collective change la donneLe monde s’est mis en suspens. Tout s’est arrêté. Et maintenant ? Le monde entier doit répondre à une question décisive : Comment relancer l’économie ? Avant d’agir tous azimuts, nous devons d’abord nous mettre d’accord sur l’économie à laquelle nous aspirons. Le Covid-19 ouvre des horizons formidables et jusque-là insoupçonnés. Elle est en train de nous infliger une occasion unique d’intelligence collective. La décision d’une économie qui nous conduise au plus grand bien-être commun possible nous appartient. Quelle incroyable liberté s’offre à nous de pouvoir choisir de bien faire pour le bien de tous.

Un nouveau contrat social : De la solidarité à la résilience locale – Face à la crise, les appels humanitaires ont fleuri partout. Les Etats et les organisations non-gouvernementales ont multiplié les actions d’aide, alors que les institutions financières accordent des facilités de crédit. Certaines entreprises de premier rang sont aussi montées au créneau pour apporter leur soutien. Au milieu du confinement général, nous avons eu le recul nécessaire pour mesurer les vraies valeurs sociétales comme les relations humaines et les espaces communs. Bien sûr, la crise sanitaire prendra fin, mais ne voulons-nous pas que ces valeurs se perpétuent ?

C’est par le biais d’échanges que nous pouvons faire émerger des priorités d’investissement pour renforcer la résilience locale. Quelques exemples comme promouvoir les PMEs d’impact, l’artisanat et les petites industries locales créateurs d’emplois ; réfléchir ensemble à l’aménagement de nos villes avec espaces verts, mobilité ; manifestations publiques ; faire vivre nos quartiers et promouvoir le vivre-ensemble ; encourager les échanges entre ville et campagne, en soutenant l’agriculture locale et en favorisant les circuits alimentaires courts et les contacts avec les producteurs.

Les responsables politiques décident actuellement d’injecter des milliards dans des plans de sauvetage sans trop savoir où donner de la tête car nombreux sont les secteurs endeuillés. Sans mentionner le défi sanitaire auquel nous devons faire face. Nous sommes pourtant à un moment charnière de relance économique où ces interventions pourraient être conditionnées pour atteindre les objectifs que nous nous fixons en matière de bien-être, environnement, climat et pour s’attaquer aux dysfonctionnements structurels de nos systèmes. C’est l’occasion de déterminer et de hiérarchiser nos priorités, en privilégiant celles qui offrent les meilleures options de résilience avec, à la clé, de multiples bénéfices positifs pour la société. C’est aussi affirmer que ce n’est pas l’économie qui commande.

Investissement d’impact : Unissons les forces  – Pour élaborer des programmes de relance, les gouvernements doivent intégrer de multiples facteurs tels que les besoins immédiats, conditions du marché, marges de manœuvre pour emprunter etc. Mais ils peuvent aussi évaluer des options d’intervention dont le potentiel est la capacité des investissements publics à mobiliser des financements privés pour générer des co-bénéfices sociaux, économiques et environnementaux de long terme particulièrement déterminants pour rebâtir mieux et plus solidement.

Plus généralement, les secteurs public et privé peuvent aussi unir leurs forces pour protéger les gens. Les gouvernements s’appuient sur les entreprises pour faire appliquer les directives relatives à la distanciation sociale, l’accumulation des stocks, etc., et utilisent les capacités et les actifs du secteur privé pour répondre aux besoins de la population. En contrepartie, les gouvernements et les organismes de réglementation accordent des allégements au secteur privé, par exemple fiscaux. L’émergence de ce type de contrat social contribue à renforcer la prospérité et la résilience, tout en soutenant le potentiel de croissance à long terme et une trajectoire de développement durable.

La durabilité : Une impulsion donnée par les Conseils d’administration – Si la durabilité est une responsabilité de l’entreprise dans son ensemble, son impulsion doit émaner de son Conseil d’administration (CA). Dans un contexte de crise économique, elle rappelle aux membres du CA combien il est nécessaire qu’une entreprise maintienne des solides relations avec les parties prenantes, à savoir les collaborateurs, clients, fournisseurs, les autorités publiques et les actionnaires. Car souvent le succès des entreprises reflète leur capacité à s’adapter aux défis et aux tendances des communautés auxquelles elles appartiennent. Ces entreprises gagnantes n’opèrent pas en vase clos. Au contraire, elles bâtissent des relations renforcées qui sont au cœur de la philosophie qui sous-tend les investissements dans le thème de la croissance durable.  Ce postulat est d’autant plus vrai que les enjeux environnementaux et sociaux constituent des risques financiers de plus en plus manifestes, forçant les entreprises à porter une attention accrue à leur stratégie de résilience.

(c) Aurélia Blin