Décembre 2021 – Série n°5
Une nouvelle série d’articles proposée par les membres du Cercle Suisse des Administratrices. Retrouvez tous les articles de cette série, et des précédentes, sur www.csda.ch. Ces articles ne reflètent pas forcément la position du Cercle Suisse des Administratrices et n’engagent que leur auteure.
Aujourd’hui, Vanessa Monestel vous propose “L’entrepreneuriat par acquisition: une alternative encore méconnue pour la succession des PME”.
Pour beaucoup d’entre nous, le terme «entrepreneuriat» évoque uniquement l’écosystème des start-ups, connu pour ses formidables opportunités de croissance mais également associées à des risques importants pour les entrepreneurs et les investisseurs. Des études ont montré que la majorité des start-ups ne passe pas la barre des cinq ans. En outre, les entrepreneurs ne souhaitent pas tous relever le défi de créer une entreprise de toutes pièces.
Il est temps de diffuser un autre modèle d’entrepreneuriat: l’entrepreneuriat par acquisition (en anglais «ETA» ou «Entrepreneurship Through Acquisition»). Celui-ci réunit des PME établies et des entrepreneurs à la fois qualifiés et soutenus par des financements, afin de garantir la pérennité et la croissance des entreprises à travers la succession. Ce modèle de financement, également connu sous le nom de “search-fund”, a été lancé dès les années 80 dans le cadre académique de prestigieuses universités américaines telles que Harvard ou Stanford, et s’est depuis fortement répandu aux Etats-Unis . Aujourd’hui, un cursus spécifique est même destiné aux étudiants désireux de devenir entrepreneurs; preuve que le modèle fonctionne et qu’il constitue un choix de carrière viable.
En Europe, les candidats à l’entrepreneuriat sont également nombreux mais il y a peu de structures pour les soutenir. Par ailleurs, les données démographiques indiquent que d’ici cinq ans, une PME suisse sur cinq sera confrontée à un problème de succession. L’entrepreneuriat par acquisition propose une solution pour surmonter ces difficultés.
Les programmes d’entrepreneuriat par acquisition accompagnent les propriétaires de PME dans le transfert de leur entreprise aux meilleurs talents – eux-mêmes soutenus par les ressources financières de co-investisseurs participant au programme. Le but est d’assurer une succession et un avenir durable à l’entreprise. Dans le modèle d’entrepreneuriat par acquisition, l’alignement des intérêts permet à chacun d’être gagnant si l’entreprise rachetée fonctionne bien. C’est la raison pour laquelle les propriétaires de PME peuvent l’envisager comme une solution de succession viable.
Le modèle fait déjà son chemin en Suisse: des sociétés locales telles que Novastone Capital Advisors (NCA) l’ont adopté et rendu conforme aux normes commerciales suisses et européennes. Fondé en 2020 par un groupement de “family offices”, le programme d’entrepreneuriat par acquisition de NCA réunit un processus rigoureux de sélection de talents (spécifique au marché et au domaine) et une équipe interne spécialisée (notamment dans les domaines juridiques et fusions-acquisitions) chargée d’accompagner ces candidats à la reprise et de les aider à relever les plus grands défis de l’entrepreneuriat.
Nous pouvons tous gagner à faire connaître les programmes d’entrepreneuriat par acquisition et à encourager leur adoption. Les entreprises existantes bénéficient, grâce à eux, de solutions de succession avec des entrepreneurs qualifiés et entourés d’investisseurs dès la phase de recherche d’une PME à reprendre. Les co-investisseurs tirent parti d’opportunités d’investissement fiables, aux taux de réussite historiquement élevés. Quant aux talents expérimentés désireux d’embrasser une carrière entrepreneuriale, ils profitent de l’existence d’une structure leur permettant de gérer une entreprise établie, sans les risques qu’impliquent la création d’une entreprise de A à Z.
Pour toutes ces raisons, le modèle de l’entrepreneuriat par acquisition gagne à être mieux connu, compris et considéré par nos entrepreneurs, PME et investisseurs si nous souhaitons rester compétitifs et innovants à l’avenir.
(c) Vanessa Monestel
Vanessa Monestel est diplômée de l’Université Paris Dauphine et de l’Executive-MBA de l’IMD. Vanessa a débuté sa carrière chez Accenture. Elle a servi de nombreuses entreprises de biens de consommation dans la gestion des process, de l’organisation, du changement et de la stratégie. Passionnée d’entrepreneuriat, elle se tourne ensuite vers le monde des PME ou elle exerce des fonctions de direction particulièrement dans des phases d’accélération de croissance. Membre du club des alumni de l’IMD à Genève depuis 10 ans. Elle en est l’actuelle trésorière et en prendra la présidence en janvier prochain.