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Sara Gnoni sur RTS : Entreprises, comment intégrer la Nature au centre des gouvernances ?

Un podcast de la RTS, avec notre membre Sara Gnoni

La nature pourrait-elle devenir un acteur à part entière dans la gouvernance des entreprises ? Cette idée, qui peut sembler utopique, commence pourtant à s’imposer dans le monde entrepreneurial. L’entreprise The Positive Project, cofondée par Sara Gnoni, accompagne les organisations dans cette transformation, en plaçant la nature au centre des décisions stratégiques.

Donner une voix à la nature : un nouveau paradigme de gouvernance

Dans un modèle économique traditionnellement orienté vers la croissance et la rentabilité, la nature a longtemps été considérée comme une ressource à exploiter plutôt que comme une partie prenante à protéger. Pourtant, quelques entreprises pionnières montrent qu’il est possible de faire autrement.

Certaines initiatives vont jusqu’à faire de la nature un véritable actionnaire, comme l’a fait Patagonia en confiant ses parts à une fondation dédiée à la préservation de l’environnement. D’autres intègrent un représentant de la nature dans leur conseil d’administration, avec un droit de veto sur les décisions ayant un impact environnemental majeur.

Des entreprises pionnières montrent la voie

En plus de Patagonia, Sara Gnoni cite plusieurs entreprises ayant adopté cette approche innovante :

  • Norsys (France), qui est devenue une “perma-entreprise” et a intégré la nature comme actionnaire.
  • Maison Dandoi (Belgique), qui applique une gouvernance respectueuse de l’environnement.
  • Faith in Nature (Royaume-Uni), entreprise de cosmétiques ayant désigné la nature comme membre de son conseil d’administration.

Ces entreprises pionnières prouvent qu’un modèle plus respectueux de l’environnement est non seulement possible, mais aussi porteur d’opportunités en matière de gestion des risques, de durabilité et d’image de marque.

Un changement nécessaire mais encore marginal

Malgré ces exemples inspirants, l’intégration de la nature dans la gouvernance reste marginale. De nombreux freins existent, notamment l’absence d’un cadre juridique clair reconnaissant la nature comme une entité dotée de droits. Certains pays, comme la Nouvelle-Zélande et l’Équateur, ont toutefois ouvert la voie en reconnaissant juridiquement certaines entités naturelles (rivières, forêts) comme des personnes morales.

L’enjeu est d’autant plus crucial que la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), bien que présente depuis des décennies, montre aujourd’hui ses limites. Sara Gnoni estime que la RSE a trop souvent servi d’outil de communication plutôt que de véritable levier de transformation, et plaide pour une remise en question profonde des modèles d’affaires.

Vers un nouveau modèle économique ?

Intégrer la nature dans la gouvernance ne signifie pas nécessairement renoncer à la croissance, mais plutôt redéfinir les indicateurs de succès. Plutôt que de se focaliser uniquement sur la rentabilité financière, pourquoi ne pas mesurer le bien-être des individus et la régénération des écosystèmes ?

Si cette révolution semble encore lointaine pour de nombreuses entreprises, elle pourrait bien s’accélérer face aux crises écologiques et aux attentes croissantes des consommateurs et investisseurs. Comme le souligne Sara Gnoni, le changement viendra sans doute des collectivités locales et des entreprises visionnaires, plus que des gouvernements.

L’avenir des affaires passera-t-il par une symbiose entre l’économie et la nature ? Une chose est sûre : celles qui oseront prendre ce virage en premier pourraient bien devenir les leaders de demain.