Décembre 2021 – Série n°5
Une nouvelle série d’articles proposée par les membres du Cercle Suisse des Administratrices. Retrouvez tous les articles de cette série, et des précédentes, sur www.csda.ch. Ces articles ne reflètent pas forcément la position du Cercle Suisse des Administratrices et n’engagent que leur auteure.
Aujourd’hui, Lucie Bidault vous propose “En route vers les étoiles : comment tout mettre en œuvre pour arriver au bout de sa mission”.
Le sujet du dépassement de soi en entreprise : la voie de l’équilibre et de la cohésion entre collaborateurs ? Que faire dans les moments de transitions, transformations ou simplement de doutes ou d’événements perturbateurs ? Quelle pourrait être notre prochaine mission inspirante ? Comment ne perdre personne au décollage ?
Chaque nouvelle journée en entreprise peut être une journée pleine de défis. Problématiques à résoudre avec un client, un fournisseur, ou un nouveau système à mettre en place. Chaque employé a un rôle bien défini dans une mission qui est celle dédiée à la croissance et/ou à la transformation de l’entreprise. La vision et donc les objectifs peuvent parfois paraitre lunaires, mais une vraie aptitude académique, physique et mentale, dotées aussi d’expériences permet à chacun de résister/ se jeter dans le vide, ou de s’envoler en direction d’une nouvelle orbite. C’est à ce moment que les actions du conseil d’administration et du CEO interviennent et prennent toutes leurs importances : ne perdre personne en route, surtout au moment du décollage.
Pour ce 3ème volet, j’ai envie de vous parler du sujet du dépassement de soi.
Grande fan de tout ce qui touche à l’aérospatiale, NASA, ISS et ESA, avec Thomas Pesquet de retour des étoiles, le besoin de comprendre les motivations du dépassement, ou du contrôle de soi, et aussi d’évoquer le chemin semé d’embuches que chacun peut vivre à un moment de son mandat, de sa fonction ou tranche de vie. Comment grâce à la due diligence, à une vision donnée par le CA, une stratégie donnée par le CEO, la mise en place de processus adaptés, une mission « extra-terrestre » peut bien décoller.
Quel est le lien qui existe entre un spationaute, un sportif de plus ou moins haut niveau, ou même un membre de direction ou de conseil d’administration ?
Car, oui, souvent vécu lors d’une activité physique, le dépassement est une attitude qui demande préparations mentales et physiques ; pour certains « surpassements », même du temps, beaucoup de temps, pouvant aller sur des années d’entrainements. Ramenons donc ce sujet au monde de l’Entreprise.
Considérons notre environnement actuel. Bientôt 2 ans que nous subissons la Covid et ses phases de confinements puis déconfinements, marche/arrêt/pause/remise en marche. Nous devrons peut-être cohabiter avec ce virus : mais comment se sentent vos collaborateurs ? A quel niveau sur l’échelle de la motivation se situent-t-ils ?
Êtes-vous ou votre entreprise justement à un moment charnière où il est important de stimuler à nouveau l’envie de réussite de certains ? Adopter les bonnes habitudes, mettre dans ses fonctions, ses tâches une certaine régularité, appelons cela mettre de la discipline. Rigueur, travail, efforts, remise en question, la vie d’un employé est parfois identique à celle d’un athlète : elle est parfois sinueuse, illustrée par des hauts et des bas dignes de vraies montagnes russes.
Pour comprendre le phénomène de dépassement, attachons-nous d’abord à tous les éléments engagés dans ce processus ; tout d’abord l’aspect qui touche nos forces mentales.
Elles se manifestent dans la majeure partie des cas, comme des forces pour contrer nos limites (physiques), nos peurs, nos non-dits, avec pour seul adversaire : Nous. Aller plus loin, faire plus vite, aller plus haut, être plus créatif, plus inventif, plus ingénieux, plus stratégique, et si possible dans une démarche de « good balance », éco-responsable et la bonne humeur.
Le dépassement met aussi en œuvre nos aptitudes physiques.
Il serait facile de résumer qu’avec un bon capital génétique hérité à la naissance, des entrainements réguliers, progressivement poussés (tests en centrifugeuse, dans un sous-marin, en Antarctique pour Thomas Pesquet) qu’avec de bons coaches/ préparateurs physiques rien ne pourrait nous faire reculer. Mais comment gérer, ou entourer la personne dans la gestion de ses doutes, du droit à l’erreur (démotivation), des zones de paliers sans progression ? C’est justement là qu’intervient un bon leader, ou un bon coach alors embauché par le CA ou le CEO.
Dans une problématique de découragement d’un groupe d’employés dans une entreprise, le conseil d’administration a tout son rôle à jouer. Oui celui-ci n’est pas seulement là pour vérifier, analyser, donner la ligne, contrôler, il doit parfois aussi relever ses manches et amener des solutions – de valeurs humaines, émotionnelles – pour redonner fougue à ceux qui en ont besoin.
Qui impulse le recrutement des dits-bons-coaches pour relever cette mission inédite ? Le département des Ressources Humaines ? Oui, et n’a-t-il donc pas sa place aussi, à ce moment-là, au niveau des décisions stratégiques du Conseil d’administration ou de direction pour trouver cette perle rare qui animera alors grâce à son accompagnement à nouveau la croissance des courbes et peut-être aussi une meilleure cohésion de groupe ?
Pour qu’une entreprise avance, se développe, augment son capital, toute personne employée a un rôle clé à tenir. Qu’elle soit au conseil d’Administration, de direction, ou simple exécutant, elle doit avoir les bonnes aptitudes et compétences de communication, d’écoute, valorisation, motivation, d’exemplarité et de sincérité. Elle doit aussi se sentir appartenir à un groupe et être reconnue dans ce groupe.
Les valeurs de l’Equipe doivent être communes et comprises par tous, pour que chacun avance à nouveau dans la direction de la cible.
Une des solutions serait de donner à nouveau plus de sens et recentrer les valeurs de l’entreprise sur les préoccupations les plus importantes aux yeux de ces personnes : Si je reviens à l’une de mes préoccupations, la cohésion de groupe, comment peut-on se dépasser et mobiliser les collaborateurs et donner du lien pour atteindre les objectifs des entreprises ? Les nouveaux enjeux ne seraient-ils pas de mettre en place des processus de moins en moins chronophages et « polluants », et des règles alliant donc la croissance désirée par les actionnaires et l’esprit d’équipe fortifiant alors la volonté de réussir ensemble ?
Se dépasser pour soi, se dépasser pour les autres. L’épanouissement avec et par les autres bénéficie à tous. Pour que l’entreprise « s’élève », appelons cela l’intelligence collective, suive une vision plus éclairée incluant les nouveaux enjeux, pour que les collaborateurs adhérents à des objectifs atteignables avec un cap fixé transparent, il est nécessaire d’avoir 2-3 éléments moteurs et clés dans une entreprise, une mission ou un projet : la communication, la confiance, la cohésion de groupe.
Pour que ce moment de découragement d’un groupe de collaborateurs, qui mieux qu’un ancien athlète, un ancien explorateur doté d’expériences couronnées de succès, pourrait redonner Goût aux tâches parfois perçues avec non-sens.
Motivation, progression, confiance, réalisations par étapes, encouragements, sens, valeurs, ténacité, aussi et surtout ne pas se limiter à nos propres ambitions ou intérêts, croire en soi, surtout dans les périodes de doutes, et se recentrer si besoin sur le Soi.
Attention tout de même au modèle d’existence du dépassement de soi d’un collaborateur, d’une ou plusieurs équipes, il doit en effet être périodique, temporaire car n’oublions pas aussi que nous tendons aspirons à un good-balance et vers une envie d’épanouissement au travail. L’appartenance aussi à un groupe a aussi son importance. Enfin, la responsabilité de cette phase de transition, doit être portée par le management : Organisation, formations, accompagnement, encouragements. « C’est souvent leur propre épanouissement qui permet ensuite aux responsables, dans un cycle vertueux, de favoriser celui de leurs équipes.» Mesdames et Messieurs des CA ou des conseils de direction, attention, la balle est dans votre camp lors de traversées de turbulences. Tout collaborateur n’est pas forcément prêt pour le dépassement de soi.
(c) Lucie Bidault
Lucie Bidault est Ingénieure-Chimiste, diplômée de CPE Lyon, avec une expérience internationale de plus de 20 ans dans l’industrie cosmétique. Experte en management de projets, management de transition, gestion de crise, transferts de capitaux, elle a siégé en tant que présidente d’un conseil d’administration de PME. Dynamique, rigoureuse et entrepreneure, Lucie aime relever des défis. Elle vient d’accepter un nouveau mandat pour le Caribana Festival et a intégré son comité de pilotage dernièrement. Membre EPFL Innovation park / Board Matching Switzerland, Membre active de la Société Suisse des Chimistes et Cosméticiens SWISS SCC depuis 8 ans, Lucie est membre du Cercle Suisse des Administratrices depuis 2018.
Lecture recommandée: S’épanouir en temps de crise, par Thierry Nadisic, Professeur en Comportement Organisationnel, EMLyon